SOPK et troubles du sommeil

SOPK et troubles du sommeil

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est un trouble endocrinien fréquent, bien que sous diagnostiqué, caractérisé par de multiples symptômes variables d’une femme à l’autre. Il existe de plus en plus de preuves de l’existence de troubles du sommeil liés au SOPK. Nous allons voir dans cet article que les mécanismes sont complexes et multiples. 

Lien entre troubles du sommeil et SPOK

Bien que le SOPK ait été décrit pour la première fois dans les années 1930, la reconnaissance des troubles du sommeil qui lui sont associés est relativement récente. Les troubles du sommeil comprennent une difficulté à s’endormir et/ou des réveils nocturnes avec une difficulté à se rendormir, et/ou un réveil précoce avec une incapacité à se rendormir. L’insomnie est l’association de troubles du sommeil et un retentissement dans la journée (fatigue, manque d’énergie, somnolence diurne, difficultés de concentration, troubles de l’humeur). L’insomnie est dite chronique lorsqu’elle survient au moins 3 nuits par semaine pendant au moins 3 mois. 

Les troubles du sommeil sont jusqu’à 2 fois plus fréquents chez les femmes atteintes de SOPK

Les troubles du sommeil sont jusqu’à 2 fois plus fréquents chez les femmes atteintes de SOPK par rapport aux femmes qui n’en souffrent pas (de même âge et de même poids), avec en particulier :

  • L’apnée du sommeil (aussi appelée SAHOS pour syndrome d’apnées-hypopnées obstructive du sommeil). Il s’agit de pauses respiratoires ou de diminution du débit respiratoire de quelques secondes qui entraînent une diminution de l’oxygénation du sang. Les examens de référence pour diagnostiquer un syndrome d’apnée du sommeil sont la polygraphie ventilatoire et la polysomnographie qui enregistrent les paramètres de la respiration pendant le sommeil. L’importance du syndrome d’apnée du sommeil se mesure au nombre d’apnées / hypopnées par heure de sommeil (IAH ou index d’apnées / hypopnées): 5 à 15 (légère), 16 à 30 (modérée), > à 30 (sévère). Les principaux facteurs de risque sont l’âge et le surpoids / obésité. 

Les femmes atteintes du SOPK ont tendance à être en surpoids ou obèses mais cela n’explique qu’en partie leurs troubles du sommeil. Les études cliniques confirment une association entre troubles du sommeil et SOPK après ajustement des données en fonction de l’indice de masse corporelle et de l’âge. Les troubles du sommeil surviennent également chez les femmes atteintes du SOPK ayant un poids normal.

  • La somnolence diurne excessive. Celle-ci est une conséquence des troubles du sommeil plus fréquemment observée chez les hommes alors que les femmes ressentent plus généralement une irritabilité, des troubles de l’humeur ou des maux de tête matinaux. Cependant, les femmes atteintes du SOPK souffrent plus souvent de somnolence diurne excessive. 

Le SOPK

Le SOPK est un trouble hormonal ovarien qui entraîne une production excessive d’androgènes, en particulier de testostérone (habituellement produite à dose infime chez la femme). En conséquence, à chaque cycle menstruel, les ovaires produisent beaucoup plus de follicules que la normale. Les causes du SOPK ne sont pas encore identifiées précisément. On estime qu’1 femme sur 10 serait touchée, mais le SOPK non diagnostiqué est encore relativement courant. Il n’existe pas de « test » spécifique pour le SOPK. 

On considère qu’une femme est probablement atteinte de SOPK lorsqu’elle présente 2 des 3 symptômes suivants, aussi appelés critères de Rotterdam (et que les autres causes endocriniennes ont été exclues) :

  • Une hyperandrogénie (clinique et/ou biologique): elle peut se traduire par une pilosité excessive, une perte de cheveux, de l’acné
  • Des perturbations du cycle menstruel : irrégularité des règles (inférieur à 25 jours ou supérieur à 35 jours) ou absence de règles
  • Une image échographique révélant plus de 20 follicules mesurant entre 2 et 9 mm par ovaire. 

Les symptômes et leur importance sont très variables d’une femme à l’autre.

Le SOPK est aussi marqué par une résistance à l’insuline, qui peut se traduire par une prise de poids plus ou moins importante, et une difficulté à perdre du poids. 

Physiopathologie des troubles du sommeil chez les femmes atteintes de SOPK

Le mécanisme à l’origine des troubles du sommeil dans le SOPK n’est pas clairement identifié à l'heure actuelle. Il existe plusieurs voies par lesquelles le SOPK et les troubles du sommeil peuvent être associés. 

L’hypothèse est plus probablement un ensemble de facteurs plus ou moins liés entre eux, parmi lesquels :

L’obésité : bien que l’obésité n’explique pas entièrement l’apnée du sommeil dans le SOPK, il s’agit clairement d’un facteur favorisant, dû à des modifications anatomiques des voies aériennes supérieures.

L’hyperandrogénie : le syndrome d’apnée du sommeil est plus fréquent chez l’homme que chez la femme. L’hyperandrogénie, un des critères diagnostic du SOPK, de part l’augmentation de la graisse abdominale qu’elle entraîne, pourrait contribuer aux apnées du sommeil.

La résistance à l’insuline : celle-ci pourrait avoir un rôle dans le développement des troubles du sommeil, entraînant un cercle vicieux car les troubles du sommeil aggravent la résistance à l’insuline (voir schéma ci-dessous).

Le cortisol : il existe des niveaux élevés de cortisol avec un profil d'excrétion modifié dans le SOPK, ainsi qu’une réponse accrue au stress.

La mélatonine : le profil de sécrétion de la mélatonine est modifié dans le SOPK.

Des facteurs psychologiques : l’anxiété et la dépression sont plus fréquents chez les femmes atteintes de SOPK. Leur qualité de vie est souvent dégradée due à l’infertilité, une mauvaise image de soi, une faible estime de soi et un manque de soutien social. 

Des facteurs comportementaux : la consommation d’alcool et de tabac, ainsi que le manque d’activité physique sont courants chez les femmes atteintes de SOPK.

Le schéma ci-dessous vous montre le cercle vicieux entre la résistance à l'insuline et les troubles du sommeil.

Solutions 

Les troubles du sommeil ont non seulement des répercussions sur le bien-être et les activités quotidiennes mais contribuent également à la détérioration de plusieurs marqueurs de santé. Les risques de développer un diabète de type 2, une hypertension artérielle, des troubles vasculaires cérébraux et des troubles cardiovasculaires augmentent. Il est donc important de prendre en charge les troubles du sommeil, l’anxiété et la dépression, ainsi que de parler du SOPK pour que les femmes n’aient plus honte de demander un avis médical et puissent être diagnostiquées. Les approches classiques d’hygiène du sommeil s’appliquent bien évidemment aux femmes atteintes du SOPK ainsi que la pratique régulière d’une activité physique. La résistance à l’insuline peut être grandement améliorée en associant régime alimentaire adapté et activité physique spécifique.